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Channel: Critiques de GN – Electro-GN
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Critique de GN – L’été 36 : congés payés et mélodrame

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L’été 36 se présente comme un jeu à l’ambiance légère dans le contexte des premiers congés payés de 1936, après la victoire du Front populaire. On y boira un petit verre de blanc tout en jouant à la pétanque, on fêtera le 14 juillet comme il se doit, on chantera gaiement des chansons d’époque.

C’est surtout pour cette atmosphère annoncée et la présence du chant en jeu que je me suis inscrite sur l’été 36. Je voulais également jouer un pur GN romanesque à la française, moi qui suis un bébé du GN nordique, et me faire une idée. Est-ce que ça allait fonctionner sur moi ? Est-ce que j’allais être touchée ? Je suis arrivée sur le jeu avec un mélange d’envie et d’appréhension.

Le chant en jeu

Avant même de recevoir nos fiches de personnages nous était envoyé un livret de chant : une dizaine de chansons à apprendre, qui plongent dans l’ambiance plusieurs mois avant le jeu – et servent comme rappel du jeu après sa fin. Nous les avons réécoutées en boucle, parfois jusqu’à l’épuisement, afin d’être prêts le jour J.

La majorité des chansons se faisant en groupe, le stress est un peu atténué. On accepte vite l’idée qu’on ne chantera pas forcément bien, mais que tout le monde sera bienveillant.
Chaque personnage a aussi des chansons personnelles : il peut être plus dur de se lancer quand on sait qu’on sera seul, mais la plupart du temps, on trouve le moment propice grâce à des scènes prévues par le jeu.

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Rythme du jeu et enjeux de personnages

Jeu romanesque implique révélations et relecture du passé. Les personnages vont devoir gérer des choses souvent très lourdes qui leur tombent dessus sans crier gare. C’est évident dès la lecture de la fiche : ce 14 juillet sera plus qu’une belle journée estivale entre amis.

Le jeu alterne entre moments difficiles et l’ambiance estivale des congés payés. Il est toutefois compliqué d’aller parler de son petit problème ou d’un sujet futile quand un enjeu bien plus grand occupe le personnage auquel on veut s’adresser. Même lorsque que les événements n’atteignent pas directement notre personnage, cela pourrait sembler indécent de revenir à des sujets légers alors que quelqu’un d’autre vit un drame. Passé un certain point dans le jeu, certaines intrigues deviennent donc presque injouables et c’est dommage car les plus légères sont aussi celles qui m’intéressaient le plus.

L’été 36 demande aux joueurs de jongler avec leurs émotions selon un tempo soutenu, car le jeu est chargé. L’exercice sacrifie forcément au réalisme pour tendre vers l’artifice : j’ai besoin de m’arrêter sur une émotion, de la jouer pleinement sans être parasitée ni devoir passer rapidement à autre chose, faute de devoir “faire semblant”. Le jeu a donc soulevé une question : comment être dans un état d’immersion, présenté comme but ultime par de nombreux joueurs, quand il faut réagir à autant de stimulis, autant d’histoires ? J’aimerais avoir le point de vue de personnes qui pratiquent essentiellement ce style de jeu.

Et alors, t’as chouiné ?
Un peu, je l’avoue. Une partie des événements prévus pour mon personnage ont eu peu d’impact sur moi, d’autres au contraire m’ont tiré quelques larmes et battements de cœur sans que je m’y attende.

Conclusion
L’été 36 est certainement un jeu qui trouve son public, mais qui gagnerait à avoir un rythme plus maîtrisé, afin d’exploiter pleinement son potentiel. Communiquer plus clairement sur l’aspect dramatique plutôt que de centrer le discours sur l’aspect léger aiderait aussi ceux qui s’inscrivent à avoir une vision plus claire de ce pour quoi ils signent. J’ai en tout cas passé un très bon moment et vécu plusieurs belles scènes de jeu. Quant aux chansons, elles tournent encore dans ma tête, petites ritournelles qui ne s’évanouiront pas de sitôt.


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